Chap.1 : la déclaration de guerre

L’histoire de la 2e guerre mondiale a ceci de particulier qu’elle est incontournable puisque inclus dans les programmes scolaires, qu’elle est également très largement documentée aussi bien par le nombre d’écrits qui lui est consacré que par les heures de diffusion télévisuelles, et pourtant elle est très mal connue.

Penchons-nous, par exemple, sur la chronologie des premiers mois au pouvoir d’Hitler.

Sur Wikipedia (1) nous trouvons ceci :

30 janvier : Adolf Hitler devient chancelier.
1er février : Dissolution du parlement (Reichstag) par le président Hindenburg.
4 février : Dernière édition du journal du SPD Vorwärts.
22 février : la SA, la SS et le Stahlhelm deviennent « police auxiliaire ».
27 février : Incendie du Reichstag
28 février : décret présidentiel « pour la protection du peuple et de l’État »
3 mars : arrestation d’Ernst Thälmann, chef du KPD (parti communiste).
5 mars : élections (parlementaires) au Reichstag.
11 mars : Joseph Goebbels est nommé ministre de la propagande.
21 mars : Journée de Potsdam : 1re mise en scène de la propagande nazie de Joseph Goebbels
22 mars : ouverture de Dachau, 1er camp de concentration allemand.
23 mars : vote du Reichstag, Hitler obtient les pleins pouvoirs pour quatre ans, par la « loi des pleins pouvoirs » (Loi allemande des pleins pouvoirs de 1933).
29 mars : Déclaration de Fulda : Les évêques allemands lèvent l’incompatibilité pour des catholiques d’adhérer au parti National-Socialiste.
30 mars : Mgr Preysing, archevêque de Munich, autorise les évêques à cesser « à l’heure qu’il est » l’opposition qu’ils ont manifesté au gouvernement (mais pas à la doctrine nationale- socialiste).
31 mars : début de la Gleichschaltung : « Mise au pas » des Länder et de toute la société allemande.
1er avril : Début des violences anti-juives et boycott des magasins juifs.

Où il apparaît qu’au 1er avril le Reich commence sa politique anti-juive.

Cet événement est relaté de la même façon dans l’Encyclopédie multimédia de la Shoah (2) :

« [Les Juifs] parlaient allemand et considéraient l’Allemagne comme leur patrie. Le 1er avril 1933, les Nazis lancèrent la première action planifiée d’ampleur nationale contre les Juifs : un boycott visant les professions libérales et les commerces juifs. »

Nous pourrions chercher d’autres chronologies, mais celle-ci est la version la plus généralement répandue, et que l’on retrouve d’ailleurs dans les manuels scolaires.
Ce qui est dit dans cette chronologie c’est que le régime allemand agresse les Juifs sans autre raison que le fanatisme raciste de l’idéologie nationale-socialiste.

Bien, maintenant faisons un saut en avant de quelques années.

Nous sommes le 5 septembre 1939, soit 4 jours après le début de l’invasion de la Pologne, Chaïm Weizman, président de l’Organisation sioniste (1920) et de l’Agence juive (1929), déclare la guerre à l’Allemagne : « les Juifs font cause commune avec la Grande-Bretagne et combattront dans le camp des démocraties […] L’Agence juive est prête à prendre des mesures immédiates pour utiliser la main d’oeuvre juive, la compétence technique et les ressources juives, etc. » (3)

Cette prise de position est cohérente avec le début de la guerre.
Nous découvrons toutefois une force juive qui à l’instar d’une nation se battra contre l’Allemagne.

Quelques mois plus tôt, le 9 novembre 1938 Bernard Lecache, président-fondateur de la Ligue internationale contre l’antisémitisme (LICA), écrit : « L’Allemagne est notre ennemi public numéro un. C’est notre objet de déclarer la guerre sans pitié contre elle. On peut en être sûr : Nous mènerons cette guerre ! ». (4)

Ici le langage jusqu’au boutiste est quelque peu surprenant puisque guerre il n’y a pas encore. Peut-être est-ce une réaction aux lois raciales de Nuremberg ?

Quelques années auparavant, en janvier 1934, Vladimir Jabotinsky, chef de l’Irgoun et fondateur du Betar, déclarait : « Depuis des mois, le combat contre l’Allemagne est mené par chaque communauté juive, à chaque conférence, à chaque congrès, dans tous les syndicats et par chaque juif dans le monde. Il y a des raisons d’admettre que notre part à ce combat est de valeur générale. Nous déclencherons une guerre spirituelle et matérielle du monde entier contre l’Allemagne. […] nos intérêts juifs exigent la destruction totale de l’Allemagne. » (5)

Nous apprenons qu’au début de 1934, c’est à dire avant les lois raciales de Nuremberg, les Juifs fomentent une guerre contre l’Allemagne depuis plusieurs mois.
Depuis combien de temps exactement ?

Cinq mois plus tôt…
(cliquez pour zoomer)

Daily Express
New York times – 7 août 1933

En lisant cet article nous en apprenons assez pour constater que Samuel Untermyer n’était pas le premier venu, mais qu’il était somme toute une personne importante au sein de sa communauté. L’article ne l’indique pas, mais il a été aussi le président de Keren Hayesod (6). Pour plus de détail sur son cursus : (7).

Le 24 mars 1933 le gros titre du Daily Express est :
(cliquez pour zoomer)

New York Times - les juifs déclarent la guerre à l'Allemagne
L’encadré est très révélateur de ce que fut la campagne médiatique de l’époque, et l’on peut en retirer deux éléments essentiels.

Le premier est que le lecteur de l’époque doit être convaincu que les mesures anti- juives du gouvernement allemand ne concerne pas uniquement les juifs mais l’humanité toute entière : « Ce n’est pas un combat de Juifs, mais de l’humanité ».
Le deuxième est une terminologie guerrière et belliqueuse : combat, assiégé, guerre, fanatisme, médiéval, …

Avec ces deux éléments nous avons tout ce qui est nécessaire pour déclencher une guerre mondiale. Rappelons que nous sommes en août 1933 !

Un tel déferlement de haine peut-il trouver sa source dans le boycott des officines juives du 1er avril 1933 ?

Question

Quelle est la représentativité de ces intervenants Juifs ?

Chaïm Weizman, président de l’Organisation sioniste (1920) et de l’Agence juive (1929) sera le premier président d’Israël.
Brenard Lecache est le président-fondateur de la Ligue internationale contre l’antisémitisme (la LICA future LICRA).
Vladimir Jabotinsky était un des chefs de l’Irgoun, le fondateur de la Légion Juive et du Betar.
Samuel untermeyer était leader du boycott contre l’Alllemagne et fut président de Keren Hayesod.

A la lecture de tous ces pedigrees, nous constatons que ces personnes sont clairement representatives d’une grande partie de leur communauté.
Il est nécessaire de préciser que les exemples que nous venons de voir ne sont qu’une partie de ce qui a été déclaré durant toute cette période. Vous trouverez sans peine d’autres intervenants comme Henri Morgenthau, Bernard Barruch, Emil Ludwig Cohn, David A. Brown, …

Comment se fait-il que cette volonté de déclencher la guerre soit inconnue du grand public ?

Puisque l’importance du sujet est indéniable, qu’il est un fait essentiel à la bonne compréhension de la lecture de l’histoire de la 2ème guerre mondiale, nous pouvons supposer sans trop de risques de nous tromper qu’il s’agit tout simplement d’occulter pour mystifier.

A-t-on d’autres exemples qui confirmeraient ce pouvoir de destruction ?

C’est ce que nous allons voir au prochain article.

1) http://fr.wikipedia.org/wiki/Chronologie_du_Troisi%C3%A8me_Reich
2) http://www.ushmm.org/wlc/fr/article.php?ModuleId=282
3) Jewish Chronicle, le 8 septembre 1939
4) « Droit de Vivre », 9 novembre 1938.
5) « Histoire de l’armée allemande » de Jacques Benoist-Méchin, tome IV, p. 303
6) http://www.kh-uia.org.il/Fr/Pages/default.aspx
7) http://en.wikipedia.org/wiki/Samuel_Untermyer

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